light gazing, ışığa bakmak

Wednesday, March 2, 2011

Como

"Le 2 avril dernier, la police repêchait dans les eaux du lac le cadavre d'une jeune femme égorgée. La victime était si belle que les enquêteurs ont d'abord pensé à une escort girl, alimentant toutes sortes de rumeurs, d'autant plus qu'elle avait été retrouvée non loin de la villa Oleandra, la somptueuse demeure estivale de l'acteur George Clooney. Mais très vite, écartant la piste de la prostitution en strass et paillettes, les soupçons des carabiniers se sont portés sur le mari qui avoua, quelques jours plus tard, avoir cédé à un moment de folie. Le crime était donc passionnel." num jornal, mas podia não ser.



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Villa Melzi sur le lac de Como, le 18 juillet 1817.
Pour redoubler ma mélancolie, il fallait que je fusse engagé par cette jolie contessina Valenza, dont j'ai connu le mari à Smolensk, à l'accompagner sur les lacs. Rien dans l'univers ne peut être comparé au charme de ces jours brûlants d'été passés sur les lacs du Milanais, au milieu de ces bosquets de châtaigniers si verts qui viennent baigner leurs branches dans les ondes.
Ce matin, à cinq heures, nous som - mes partis de Como dans une barque couverte d'une belle tente bleu et blanc. Nous avons visité la villa de la princesse de Galles, la Pliniana et sa fontaine intermittente ; la lettre de Pline est gravée sur le marbre.
Le lac devient en cet endroit sombre et sauvage ; les montagnes se précipitent presque à pic dans les eaux. Nous avons doublé la pointe de Balbianin, non sans peine ; nos dames avaient peur ; cela est d'un aspect aussi rude que les lacs d'Ecosse. Enfin, nous avons aperçu la délicieuse plage de Tremezzina et ses charmantes petites vallées qui, garanties du nord par une haute montagne, jouissent du climat de Rome ; les frileux de Milan viennent y passer l'hiver ; les palais se multiplient sur la verdure des collines et se répètent dans les eaux.
C'est trop de dire palais, ce n'est pas assez de les appeler des maisons de campagne. C'est une manière de bâtir élégante, pittoresque et voluptueuse, particulière aux trois lacs et aux colli di Brianza. Les montagnes du lac de Como sont couvertes de châtaigniers jusqu'aux sommets. Les villages, placés à micôte, paraissent loin par leurs clochers qui s'élèvent au-dessus des arbres. Le bruit des cloches, adouci par le lointain et les petites vagues du lac, retentit dans les âmes souffrantes.
Comment peindre cette émotion ! Il faut aimer les arts, il faut aimer et être malheureux. A trois heures, nos barques s'arrêtent dans le port (darsena) de la casa Sommariva, vis-à-vis de la villa Melzi.
Nos dames avaient besoin de repos; trois officiers italiens et moi avions tourné au sombre ; nous laissons le reste de la troupe, nous traversons le lac en dix minutes, nous voici dans les jardins de la villa Melzi, nous voici à la casa Giulia, qui donne sur l'autre branche du lac : vue sinistre.
Nous nous arrêtons à la villa Sfondrata, située au milieu d'un bois de grands arbres, sur le promontoire escarpé qui sépare les deux branches du lac : il a la forme d'un Y renversé. Ces arbres bordent un précipice de cinq cents pieds, donnant à pic sur les eaux. A gauche, sous nos pieds, et de l'autre côté du lac, nous avons le palais Sommariva ; à droite, l'Orrido di Belan ; et devant nous, dix lieues de lac. La brise apporte de temps en temps jusqu'à nous les chants des paysans de l'autre rive.
Nous avons ce soleil d'à plomb de l'Italie, et ce silence de l'extrême chaleur ; seulement un petit venticello de l'est vient de temps en temps rider la surface des eaux. Nous parlions littérature, peu à peu nous discutons l'histoire contemporaine, ce que nous avons fait, ce que nous aurions dû faire, les folles jalousies qui nous divisèrent.
“J'étais là à Lutzen.
— Et moi aussi.
— Comment ne nous sommesnous pas vus ? etc. etc.” Une conversation montée sur ce ton de franchise ne se laisse pas dissimuler.
Après trois heures rapides, passées au bord des précipices de la villa Sfondrata, nous voici à la villa Melzi. Je m'enferme dans une chambre du second étage ; là, je refuse mes yeux à la plus belle vue qui existe au monde après la baie de Naples, et, arrêté devant le buste de Melzi, tout transporté de tendresse pour l'Italie, d'amour de la patrie et d'amour pour les beaux-arts, j'écris à la hâte le résumé de nos discussions.”

Extrait de “Rome, Naples, Florence”, Stendhal




Cy Twombly, Wilder Shores of Love, daqui.

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